Dans les rues et les ruelles du Kenya, des hôtels de luxe aux petits commerces de rue, le logo vert de M-Pesa, un système de transfert d’argent par téléphone mobile, est presque omniprésent.
Dans de nombreuses stations touristiques ou lieux de vacances, on peut même voir des pancartes indiquant « No Cash ». Le paiement numérique devient de plus en plus populaire sur le continent africain. Selon Statista, une base de données mondiale, en 2023, 17% des consommateurs africains utilisent des services de paiement numérique tous les jours, et 48% le font chaque semaine. Aujourd’hui, dans de nombreuses fêtes du continent, on peut sortir sans porte-monnaie, simplement avec un téléphone portable.
Selon le « Rapport sur l’économie numérique en Afrique 2020 » publié par la Société Financière Internationale, une entité du Groupe de la Banque mondiale, et Google, l’économie internationale africaine devrait atteindre 180 milliards de dollars d’ici 2025, soit 5,2% du produit intérieur brut (PIB) du continent africain, et 712 milliards de dollars d’ici 2050, représentant 8,5% du PIB.
Le paiement numérique, en tant qu’élément important de cette économie, présente alors un potentiel inestimable. D’après Statista, le volume des transactions du marché des paiements numériques africains atteint 195,5 milliards de dollars en 2024 et devrait croître encore à 314,8 milliards de dollars en 2028, avec un taux de croissance annuel composé de 12,65%. Ce taux de croissance, exceptionnel à l’échelle mondiale, montre le fort potentiel du marché des paiements numériques en Afrique, dont le développement rapide est dû à une combinaison de facteurs.
Tout d’abord, le nombre d’utilisateurs de smartphones augmente rapidement en Afrique, créant une base solide pour les paiements numériques. Ensuite, les infrastructures bancaires africaines sont relativement faibles, et de nombreuses régions manquent de services financiers traditionnels, ce qui rend les paiements numériques plus pratiques et efficaces. De plus, la pénétration de l’Internet mobile continue d’augmenter, soutenant la généralisation des paiements numériques sur le continent.
Pour beaucoup d’Africains, posséder un téléphone est plus facile que d’avoir un compte bancaire. Ainsi, le paiement mobile, avec son seuil d’accès très peu élevé, est devenu le moyen de paiement privilégié sur le marché africain. Son fonctionnement est simple : les consommateurs déposent de l’argent sur un compte lié à leur numéro de téléphone, ce qui leur permet d’envoyer et de recevoir des fonds facilement et en toute sécurité grâce à un code PIN. Ce mode de paiement est à la fois rapide, pratique et économique, notamment pour les virements transfrontaliers.
LA MONNAIE MOBILE A LA PLUS FORTE CROISSANCE EN AFRIQUE
Selon le rapport 2024 Etat de l’industrie de l’argent mobile de la GSMA, l’Afrique demeure la région avec la plus grande et la plus rapide croissance du secteur de la monnaie mobile à l’échelle mondiale.
En 2023, le nombre de comptes de monnaie mobile en Afrique s’élève à 856 millions, représentant 49% des comptes inscrits à travers le monde, et 136 millions de nouveaux comptes ont été ouverts, soit plus de 70% de la croissance totale mondiale. M-Pesa, qui signifie « monnaie mobile » en swahili, est lancé par la société de télécommunications Safaricom du Kenya en 2007. En tant que l’une des plus grandes plateformes de monnaie mobile africaines, son succès au Kenya a fait du pays un leader de l’inclusivité financière en Afrique subsaharienne.
Selon les données de l’Autorité des communications du Kenya, en mars 2024, le nombre d’utilisateurs de monnaie mobile au Kenya atteignait 38,7 millions, représentant 75% de la population totale. Parmi eux, M-Pesa détenait une part de marché de 94,9%. Depuis 2012, le géant de télécommunication chinois Huawei a collaboré avec l’entreprise pour fournir des solutions techniques, aider à la mise à niveau du système et apporter de nouveaux produits et services à l’Afrique.
Avec un simple téléphone portable, il suffit de saisir quelques chiffres pour effectuer des virements, des paiements et des achats. Ce mode de paiement est très populaire localement et a évolué en une plateforme intégrée offrant divers services financiers tels que dépôts, virements, paiements, crédits et gestion financière. Il s’est déjà développé dans sept pays africains et est devenu le leader du paiement mobile sur le continent. Des applications de paiement mobile telles que M-Pesa sont très répandues en Afrique.
Le Nigeria, le pays le plus peuplé d’Afrique avec plus de 200 millions d’habitants, a vu près de 80% de ses transactions de paiement en temps réel réalisées par mobile en 2020. En Afrique du Sud, SnapScan et Zapper se trouvent partout dans les restaurants, hôtels, parkings et centres commerciaux.
COUP DE POUCE DE LA CHINE
Les entreprises chinoises ont joué un rôle important sur ce marché, en favorisant la généralisation et le développement du paiement numérique africain. PalmPay, une jeune entreprise de paiement mobile financée par des capitaux chinois, a choisi le Nigeria pour démarrer.
Au cours de la dernière année, les utilisateurs actifs de PalmPay ont augmenté de cinq fois pour atteindre 25 millions, et la société envisage d’étendre ses activités au Kenya, à l’Ouganda et à la Tanzanie. « Nous sommes en train de créer une super application », a déclaré Shika Nwosu, directeur exécutif de PalmPay.
M. Nwosu affirme que les Nigérians peuvent gérer environ 80% de leur vie financière via l’application PalmPay sur leur téléphone.Outre la commodité de ses modes de paiement, l’application peut offrir un ensemble de services.
Les utilisateurs peuvent payer leurs factures énergétiques, recharger leur compte téléphonique, effectuer des virements bancaires et emprunter et recevoir des fonds. Grâce à la généralisation des smartphones et aux avancées des technologies Internet, le marché du paiement numérique en Afrique devrait continuer d’être marqué par une expansion rapide, apportant une nouvelle vitalité au développement économique du continent.
Par Xu Jiatong NAIROBI, Xinhua
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