Dans une société où les inégalités persistent malgré les progrès, les violences basées sur le genre affectent avec acuité les femmes en situation de handicap. À l’occasion des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre, une rencontre d’échanges s’est tenue, ce lundi 09 décembre à Lomé. Elle a été initiée par le média en ligne thématique AfrikElles.
AfrikElles en collaboration avec le ministère de l’Action sociale, de la Solidarité et de la Promotion de la femme, soutenu financièrement par l’UNFPA, veut contribuer à lutter contre les violences faites aux femmes en situation de handicap. Dans le cadre des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre qui se tiennent chaque année du 25 novembre au 10 décembre, cette rencontre permet de porter haut la voix de ces femmes souvent oubliées.
« Agir ensemble pour prévenir et lutter contre les violences faites aux femmes handicapées » est le thème de cette rencontre. Le constat est poignant. Les femmes handicapées subissent des violences plus que celles non handicapées. « Quand nous voyons dans notre société, nous allons constater que les femmes handicapées subissent deux à trois fois plus de violences que les femmes non handicapées », a souligné la directrice d’AfrikElles, Eugénie Gadédjisso.
Ces violences se manifestent sous des formes diverses, notamment physiques, émotionnelles, économiques et sexuelles. Elles incluent également des pratiques traditionnelles nuisibles telles que le lévirat et le sororat, ainsi que des privations comme le déni d’éducation.
Ce qui aggrave la situation, c’est le silence entourant ces femmes : « Nous avons aussi constaté que les femmes handicapées dans nos communautés souffrent et n’ont pas de voix, n’ont pas de personnes à qui parler et n’arrivent pas à se faire entendre. », a précisé la directrice d’AfrikElles. Cette marginalisation les place dans une vulnérabilité extrême, où elles se retrouvent à la merci de leurs bourreaux sans recours possible.
Pour inverser la tendance, l’ambition est claire. Elaborer un document de plaidoyer pour répondre aux besoins spécifiques de ces femmes. Ce document servira de guide aux décideurs et organisations désirant mettre en œuvre des projets adaptés. « Cette journée de réflexion vise à contribuer à l’élaboration d’un document de plaidoyer sur les violences faites aux femmes handicapées. Ce document permettra à toutes les personnes qui veulent faire des projets de savoir ce dont les femmes handicapées ont besoin. », a-t-elle mentionné.
Au cours des échanges, les panélistes ont également mis en avant la nécessité d’actions concrètes, notamment les mécanismes de dénonciation des violations, ainsi que l’adoption de lois spécifiques. « Nous pensons que les gouvernants peuvent initier des projets de loi, avoir des lois spécifiques pour les femmes handicapées afin que, quand on est dans une communauté et victime de discrimination, on sache qu’il y a une loi qui punit cela. Je pense aussi que cela peut dissuader. », a ajouté Eugénie Gadédjisso.
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La rencontre a été un moment de réflexion, mais aussi d’engagement. Pour beaucoup, la lutte contre les violences faites aux femmes handicapées s’inscrit dans une démarche plus large d’inclusion sociale. « La politique de l’inclusion que le gouvernement prône passera également par-là », a-t-elle conclu.
« Etre femme handicapée a été quelque chose de très dur pour moi, parce que je suis sur place sans rien faire. On s’efforce toujours pour faire quelque chose mais, c’est difficile. La formation qu’on a suivi pendant 16 jours, cela nous encourage et nous avons vu la manière dont l’Etat se déploie pour pouvoir subvenir à nos besoins. Les initiatives d’AfrikElles nous donnent beaucoup de joie et nous sommes soulagés», a indiqué la directrice de la Société coopérative Yayra, Edem Aziki.
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Pendant les 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre, AfrikElles a organisé diverses activités pour sensibiliser le public. webmagazine dédié au quotidien de la femme africaine et à son épanouissement, AfrikElles a initié des tournées médiatiques et des émissions en langue locale et en français diffusées à travers tout le pays. Des campagnes de communication digitale sur les réseaux sociaux pour toucher un public plus large ont été également menées.