Chaque année, le 1er décembre, la Journée mondiale de lutte contre le VIH/Sida offre un moment crucial pour faire le point sur les avancées réalisées et les défis à relever face à cette pandémie. Instituée en 1988, cette journée vise également à sensibiliser les populations et à renforcer la solidarité mondiale.
Pour l’édition 2024, le thème « Suivons le chemin des droits » met en lumière le rôle essentiel des droits humains dans une riposte efficace contre le VIH/Sida.
La stigmatisation : un obstacle persistant au Togo
Malgré les progrès accomplis, la stigmatisation et la discrimination restent des réalités pour de nombreuses personnes vivant avec le VIH (PVVIH) au Togo. Selon le rapport annuel de l’Observatoire des Droits Humains VIH, dirigé par RAS Plus Togo, 300 cas de stigmatisation et de discrimination ont été recensés en 2023. Ces actes touchent principalement les femmes (77 %) et concernent des individus âgés de 0 à 77 ans, les régions Maritime et des Plateaux étant les plus impactées.
Les populations clés, telles que les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, les travailleurs du sexe et les usagers de drogues, figurent également parmi les groupes les plus discriminés.
Dans une interview accordée à la Rédaction du Nouveau Reporter, il y a quelques semaines à Kpalimé, Augustin Dokla, président du Conseil d’Administration du Réseau des personnes vivant avec le Vih/sida (Ras+), tout premier Togolais à avoir affiché ouvertement sa séropositivité, a soutenu que : « L’état de la stigmatisation et la discrimination au Togo est alarmant. Mais, nous avons un Observatoire des Droits Humains VIH qui nous permet de collecter les données relatives à la stigmatisation et à la discrimination dont sont victimes les personnes vivant avec le VIH et les populations clés. »
Les lois de protection des PVVIH
Le Togo dispose de lois pour protéger les PVVIH. La loi de 2005, révisée en 2010, interdit la stigmatisation et la discrimination. Le code pénal de 2015 prévoit des sanctions pouvant aller jusqu’à trois ans d’emprisonnement. Cependant, ces lois peinent à être pleinement appliquées.
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« Beaucoup de victimes vivent leur histoire seules, sans chercher à engager de poursuites ou à se rendre au commissariat », regrette M. Dokla.
Le faible recours aux lois s’explique aussi par la méconnaissance des droits, tant chez les victimes que chez certains citoyens, voire des agents de santé.
La lutte contre la stigmatisation : clé du succès
La fin de la stigmatisation pourrait transformer la lutte contre le VIH au Togo. En libérant la parole, les PVVIH pourraient mieux accéder aux soins et contribuer à briser le cycle de transmission.
« Si l’on parvenait à éradiquer la stigmatisation et la discrimination, la lutte serait pratiquement gagnée. Si les personnes pouvaient dire ouvertement : « Je vis avec le VIH », sans crainte, la lutte contre l’épidémie avancerait beaucoup plus rapidement, » a-t-il conclu.
En cette Journée mondiale du VIH/Sida, les acteurs de terrain appellent à une collaboration entre médias, leaders communautaires et institutions religieuses pour créer un environnement inclusif et respectueux des droits humains. Ensemble, nous pouvons avancer sur le chemin des droits et bâtir un avenir sans discrimination.