Dans une stratégie audacieuse et bien réfléchie, le Togo se fixe pour objectif de ramener sa dette intérieure à 54,6 % d’ici 2026. Ce plan, qui s’inscrit dans le cadre de la Stratégie de gestion de la dette à moyen terme (SDMT), témoigne de l’engagement des autorités togolaises à rééquilibrer les finances publiques.
À la fin de l’année 2023, la dette publique totale du Togo s’élevait à 3 707 milliards de FCFA. De cette somme, 61 % étaient constitués de dette extérieure, tandis que la dette intérieure représentait 38,61 %. Bien que ces chiffres reflètent une structure de financement diversifiée, ils traduisent également une dépendance marquée aux créanciers locaux.
Conscient des défis liés à cette situation, le gouvernement togolais a décidé de modifier son approche. L’objectif est de s’appuyer davantage sur la dette extérieure pour alléger la pression exercée par les créanciers intérieurs. Une telle stratégie nécessite toutefois une gestion prudente pour éviter les risques de refinancement, tout en optimisant les opportunités offertes par les marchés internationaux.
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Un cap sur les emprunts extérieurs
Pour réaliser cet objectif, l’administration publique entend multiplier les recours aux emprunts concessionnels et commerciaux extérieurs. Ces instruments financiers, caractérisés par des taux d’intérêt avantageux et des conditions de remboursement souples, permettent d’atténuer les contraintes budgétaires tout en évitant une explosion des coûts de financement.
En parallèle, le gouvernement continuera à lever des fonds sur le marché régional, avec des échéances allant de 1 à 10 ans, afin de répondre aux besoins immédiats de financement. Cette combinaison d’options permet une diversification des sources de financement, réduisant ainsi le risque global de refinancement.
Une exposition au change limitée
Sur le front des risques de change, la dette togolaise reste relativement stable. Près de 86,25 % de l’encours est libellé en FCFA ou en euros, ce qui limite les fluctuations dues aux variations des taux de change. Toutefois, une part non négligeable (13,75 %) de la dette demeure exposée à des devises étrangères. C’est le cas du dollar américain (5,42 %) et du yuan chinois (3,62 %), rappelant ainsi la nécessité d’une vigilance accrue face à l’évolution des marchés mondiaux.
Un parcours marqué par la croissance
La trajectoire de la dette togolaise ces cinq dernières années illustre l’ampleur des défis. Entre 2019 et 2023, le stock de la dette publique a bondi de 2 197 milliards FCFA à 3 707 milliards FCFA, enregistrant une croissance annuelle moyenne de 17 %. Cette augmentation révèle les efforts soutenus du pays pour financer ses projets de développement, mais elle souligne également la nécessité d’une gestion optimale des ressources.
Un avenir prometteur à condition de maîtrise
La stratégie actuelle du Togo témoigne d’une volonté ferme de bâtir une économie plus résiliente. En réduisant la part de la dette intérieure, tout en diversifiant ses sources de financement extérieur, le pays pose les jalons d’une stabilité économique durable.
Cependant, cet engagement requiert un suivi rigoureux et une capacité d’adaptation aux éventuelles perturbations économiques. Si le cap est maintenu, le Togo pourrait non seulement réduire son endettement, mais également renforcer sa crédibilité sur la scène financière internationale. Une approche qui va stimuler la confiance des investisseurs et partenaires au développement.
Les prochaines années seront donc cruciales pour le Togo. La mise en œuvre de cette nouvelle stratégie de gestion de la dette aura un impact significatif sur les finances publiques et, par conséquent, sur le développement économique du pays.