L’exposition de la sculptrice et designer Afi Akogonya qui a ouvert ses portes le 02 décembre dernier se poursuit jusqu’au 14 décembre 2024 à l’atelier Tayé-Tayé à Lomé.
Ces sculptures qui font également appel aux techniques de perlages, de peintures méritent que l’on s’y attarde. Car leur engagement autour des questions écologiques ou environnementales de l’heure, tout en misant sur une recherche esthétique engageante, constitue une réussite de l’exposition et à la fois une interpellation pour l’humanité. Afi Akogonya ne cache pas son appel, à l’endroit des dirigeants du monde et des citoyens à préserver l’environnement. Et ce d’autant que plusieurs rendez-vous mondiaux se chevauchent ces derniers jours avec des succès très mitigés. Et face aux inquiétudes qui persistent quant à l’avenir climatique du monde, la sculptrice togolaise n’a d’autre ambition que de joindre sa voix à un combat humain et pressant : réconcilier l’homme avec la nature.
Un meilleur dialogue entre l’homme et son environnement
C’est au travers de plusieurs personnages sculptés représentant les 4 éléments de la nature, que l’artiste s’exprime. Pour une toute première sortie pour l’artiste togolaise, il fallait oser et elle l’a fait.
‘’Alodo’’, (Ndlr : entraide, en français) est le titre générique de cette exposition par laquelle, l’artiste et son équipe ont opéré le choix du tournant dans la carrière de cette dernière. La terre, l’eau, l’air et le feu, les 4 éléments de la nature, sont en effet mis en relief à travers “Alodo’’.
En choisissant de baptiser ainsi cette exposition, la sculptrice veut encourager un meilleur dialogue entre l’homme et son environnement. « L’exposition concerne la nature et je me suis inspirée d’elle. Selon la manière dont l’homme se comporte, je pense qu’on est en train de brutaliser la nature, on est en train de la menacer. Alors que sans la nature il n’y aura pas de vie », a déclaré l’artiste.
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Face aux enjeux climatiques, l’artiste ne voulant pas rester insensible, brise ainsi la glace. L’idée étant par ailleurs de sensibiliser l’opinion sur le besoin pour l’homme en vue de de sauvegarder l’environnement qui est son unique et seul habitat naturel.
« J’ai essayé de représenter les 4 éléments de la vie d’où le vent qui est en blanc, le feu qui est peint en rouge. L’eau qui est peinte en bleu et la terre qui est peinte de couleur terre ». Pour réaliser ces œuvres, l’artiste a puisé son inspiration de plusieurs sources, mais aussi parfois de l’ineffable. « Ces sculptures sont la source de mon inspiration et de ce que la nature me procure. C’est par rapport à ça que je choisis les couleurs sur mes œuvres. Parfois, c’est la forme du bois qui m’inspire et d’autrefois, c’est juste par inspiration que je sculpte. La nature tout d’abord est un mystère », a précisé Afi Akogonya.
L’onction du Maitre Sadikou Oukpédjo
Pour le sculpteur, un maitre mondialement connu, Sadikou Oukpédjo, les œuvres exposées sont très prometteuses. « J’ai observé et j’ai suivi un peu cette exposition. Elle a parlé de l’environnement. C’est bien parce que c’est abstrait, il n’y a pas de visage, c’est intrigant. C’est de très belles œuvres. La composition tout comme l’installation est très bien faite. C’est très prometteur », a-t-il soutenu.
Les 4 éléments incarnés par 3 personnages sortis de l’imagination de l’artiste dégagent un symbolisme particulier. Si l’élément terre est sculpté sur bois peint en latérite ; l’élément air, sculpté sur du bois peint à l’acrylique avec des perlages ; l’élément eau est alors perceptible sur bois peint en l’acrylique avec des perlages. Enfin, l’élément feu aussi sur bois, peint à l’acrylique avec un assemblage de clous.
Cette première exposition de la sculptrice succède à 6 années d’apprentissage du métier de sculpteur. « Je fais un peu de design, je fais également des tabourets, des tableaux et un peu de tout », a-t-elle ajouté.
Pour cette première, Afi Akogonya ne cache pas sa gratitude envers ceux qui l’ont conduit à réaliser cette exposition, surtout, l’équipe de Tayé-Tayé qui l’a fortement encouragé. « Je trouve que la matière du bois pour une femme ce n’est pas évident, parce qu’il faut une certaine force pour la maîtrise de ce médium. La forme aussi n’est pas maîtrisé, là elle a voulu aussi lui donner des couleurs, du perlage aussi, c’est vraiment riche en soi. Donc au niveau artistique, je trouve que c’est très intéressant », a indiqué Anne-Marie Robert, une visiteuse.
Dans cet environnement fortement masculin, la sculptrice a dû transcender beaucoup de difficultés pour parvenir à cette étape. « Je peux dire au commencement de l’apprentissage, j’étais la seule fille parmi les garçons donc on se moquait de moi. J’étais blessée. Je prenais la scie pour couper du bois, même si c’est lourd, qu’importe tu dois couper. Avec beaucoup de courage, j’en suis arrivé. Donc je dirai à toute personne, si vous êtes passionné de faire quelques quelque chose, faites-le », a-t-elle déclaré.