Le Togo ne dispose pas encore d’école ni de musée des Beaux-arts. Il compte ainsi très peu de diplômés des Beaux-arts. Ceux qui ont bénéficié d’une formation dans les écoles d’art l’ont fait à l’étranger. La majorité des artistes plasticiens du Togo ont appris le métier chez un amateur ou un professionnel. Mais à côté, il y a plusieurs autres autodidactes qui au fil des années se sont formés diversement et ont bénéficié des appuis, soutiens et conseils multiformes. Bien d’entre eux sont dans la débrouillardise. Comme il n’y a pas encore d’institution de formation dans le domaine, beaucoup pensent qu’être autodidacte, c’est s’éloigner des règles de l’art, les ignorer et faire comme on peut. Or il est clair qu’un autodidacte, c’est quelqu’un qui s’est formé par lui-même en récoltant des informations didactiques et pédagogiques dans tous les sens. La formation reste et demeure un défi de taille à relever dans l’écosystème des arts plastiques au Togo.
Dans le cadre du soutien de l’Organisation du Monde Islamique pour l’Education, les Sciences et la Culture (ICESCO) à l’art et à la culture au Togo, le Ministère de la culture et du tourisme d’alors avait bénéficié, à travers la direction du Patrimoine culturel, d’un double financement grâce à deux projets d’atelier de formation au bénéfice des artistes plasticiens du Togo. Après un premier atelier théorique consacré aux idées, aux matériaux et aux techniques en septembre 2023 dernier, un atelier pratique cette fois-ci de renforcement des capacités des vingt artistes plasticiens (dont dix femmes) s’est tenu du 26 au 29 décembre 2023.
Le formateur Kossi ASSOU, Trésor humain vivant fait par le ministère togolais en charge de la Culture, Artiste plasticien, Designer, Enseignant titulaire du supérieur, essayiste a formé au Village artisanal de Lomé, ces artistes plasticiens dans le renouvellement des techniques de composition artistique qui sont les socles d’une véritable création. Il s’était agi d’emmener les artistes plasticiens à créer une achromie (en blanc et du noir) de formes; outiller les artistes plasticiens à la maitrise des techniques de la création plastique. Durant ces quatre (4) jours, chaque séance quotidienne a été consacrée à la créativité. Le dernier jour, le vendredi 29 décembre 2023 a été consacré à l’exposition au Musée national du Togo des œuvres crées par les participants et qui ont été finalement primées.
A cette occasion, la promesse de prolonger l’aventure avait été faite par le formateur d’accueillir les six premiers lauréats pour une masterclass de suivi et évaluation chez lui à Djassémé dans la commune des Lacs 3. Ce troisième atelier a finalement eu lieu le samedi 05 octobre 2024 dans l’atelier de l’artiste.
La masterclass a commencé à 9h 30 avec les six artistes que sont : ADJOYI Ayawavi Reine ; AKPALOO Abla Sika Beauty ; ALIHONOU Agbégnigan ; KOUDAKPO Kokouvi ; MENSAH Ayaba Lina et ADJETEY Christelle comme auditrice libre.
Un rappel des notions des deux dernières séances a été fait grâce à un rapide tour de table. Chaque artiste, selon la consigne du formateur, a au moins apporté une œuvre créée qui répond aux exigences des deux précédents ateliers. Dans l’ordre de passage, chacun des artistes a présenté sa toile en relation surtout avec le contexte de la masterclass et les exigences de l’exercice pédagogique.
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Des remarques, des orientations, des conseils personnalisés ont été donnés par le formateur selon chaque œuvre présentée.
Le formateur Kossi ASSOU a eu à conseiller les participants en ces termes : « L’audace entre autres fait l’artiste. Il faut que l’artiste sorte de sa zone de confort (…) Quand il rentre en atelier, il est face à lui-même. Il y a nécessité de faire fi des opinions de son entourage. »
Après une pause à midi, le travail a repris dans la même dynamique avec cette fois ci des échanges assez enrichissants autour des thématiques comme la nécessité pour l’artiste de construire un discours dans le sens de sa démarche artistique. Par la même occasion, il a été également abordé la délicate question de l’analyse et de l’interprétation de la création artistique. En dehors du formateur, trois personnes ressources ont eu à apporter leur contribution au cours de cette masterclass assez originale. Il s’agit d’Adama AYIKOUE, critique d’art et directeur du patrimoine culturel; Eferouwa Badjala TOMFAI, critique d’art et responsable du village artisanal de Lomé et Kokou Patron HENEKOU, universitaire et président du festival international des lettres et des arts (FESTILARTS).
La masterclass a pris fin à 17 h à l’entière satisfaction des six artistes plasticiens et des trois personnes ressources.
Ce projet novateur et d’une grande originalité est une contribution à la professionnalisation de l’écosystème artistique pour permettre aux participants d’être beaucoup plus créatifs et originaux dans le domaine de la composition d’une œuvre plastique. L’art reflète et appartient à la période et à la culture dont il est issu. Il est forcément limité à notre époque et à notre culture. Décrit comme quelque chose de beau, ou un savoir-faire qui produit un résultat esthétique, on pourrait dire que l’art nécessite une réflexion. L’art est souvent considéré comme le processus ou le produit d’une disposition délibérée d’éléments de manière à faire appel aux sens ou aux émotions. Il englobe ainsi un large éventail d’activités humaines, de créations et de modes d’expression.
Adama AYIKOUE,
Critique d’art
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