Le ciel de la coopération américano-togolaise est brumeux. Des nuages sont visibles dans ce ciel depuis que l’ambassadeur des USA au Togo a cru bon de « vendre » et de ventiler un communiqué invitant le gouvernement du Togo à publier les résultats de l’élection présidentielle du 22 février dernier « bureau de vote par bureau de vote afin d’accroître la confiance de tous les résultats finaux ».
Le gouvernement togolais a réagi aussitôt. « Une profonde méconnaissance des textes et des lois qui régissent les processus électoraux au Togo », a regretté le porte-parole du gouvernement, Gilbert Bawara. Avant de préciser et de bon aloi : « à ce stade-là, la Ceni n’a plus de compétence ou de qualité quelconque pour travailler avec les candidats et examiner leurs éventuelles doléances ».
Très belle réaction du berger à la bergère. Face à l’impénitence, l’imbroglio et au tollé général que ces propos ont suscité, les autorités togolaises étonnées par cette sortie inattendue du locataire de la représentation américaine à Lomé, dénoncent avec force, ingérence, inconvenance et ignorance….d’abord dans les affaires intérieures du pays, ensuite envers les gouvernants et enfin vis-à-vis du cadre électoral.
Voir aussi : L’Union européenne dément toute prise de position sur les résultats de l’élection présidentielle du 22 février
Sinon, comment donner sa caution, en tant qu’ambassadeur, à une organisation de la Société civile qui voulait faire introduire du matériel de compilation de résultats, avec à l’appui des experts étrangers, contrairement aux dispositions ? Douter de la transparence de l’élection, alors que soi-même, on était en amont le soutien d’un acte qui met en doute sa bonne foi ? Drôle de neutralité pour un diplomate ! De plus, l’ambassadeur dit et se dédit. Saluer un scrutin apaisé, féliciter le peuple togolais pour le calme et la sérénité dont il a fait preuve et dans le même temps, jeter les pavés porteurs d’instabilité dans la marre…Cela n’a pas un autre nom qu’une sacrée antinomie.
Bras de fer ?
Aucun scénario de rupture de coopération, encore moins de rappel des ambassadeurs n’est imaginable à ce stade entre le Togo et les USA. Aucun signe, vraiment aucun, ne point à l’horizon dans ce temps nuageux de la diplomatie entre les deux pays permettant d’évoquer un bras de fer. Autant dire que l’on est bien loin d’une escalade diplomatique.
Toutefois, il convient de noter que, rarement le gouvernement togolais a été emmené à monter le ton face à une réaction d’une représentation diplomatique au sortir d’une élection. Ceci n’est que le prix d’une discourtoisie diplomatique qui surprend plus d’un. En effet, seul contre toutes les représentations diplomatiques ou encore les missions d’observations électorales qui ont toutes salué le déroulement du scrutin du 22 février avec quelques recommandations à l’appui, le « cavalier solitaire » a pensé pouvoir renverser la tendance en émettant un doute rempli de subjectivisme.
Une leçon. Retour aux règles de bienséance et aux codes diplomatiques. Le gouvernement du Togo est comptable de son action devant le seul peuple togolais souverain et devant l’histoire, et non devant un diplomate étranger fût-il d’un pays-ami.